NOUVEAU BLOG
On déménage !
Retrouvez désormais le blog de Alain de La Morandais à l'adresse
cliquez sur le lien pour vous y rendre
(ce blog-ci sur canalblog ne sera plus alimenté)
On déménage !
Retrouvez désormais le blog de Alain de La Morandais à l'adresse
cliquez sur le lien pour vous y rendre
(ce blog-ci sur canalblog ne sera plus alimenté)
Chapelle de lAgneau Vainqueur jeudi de
lAscension
I Jean IV, 11-16
Il leur paraissait. Pendant trois ans.
Il leur apparaissait. Pendant quarante jours.
Il disparaît. Jusquà son retour à la fin des temps.
Paraître .Apparaître. Disparaître : mystérieux
itinéraire de cet Homme, hors du commun.
Il leur paraissait comme eux,
comme un homme, avec son corps dhomme qui avait faim ,
qui avait soif et sommeil, et trop chaud et trop froid. Un corps qui savait le
goût de la sueur et des larmes, loppression du cur qui se met à battre trop
vite sous le coup de lémotion, de la compassion . Un
corps à la sensibilité vive, parfois secoué par les tensions de la chair
humaine, sur le qui-vive, la distance ou l abandon.
Oui, même la tendresse. Ainsi de ce geste unique dabandon du disciple
« bien aimé » - symbole de ce à quoi chacune et chacun dentre nous
est appelé - , quil accueille parce quil est le signe dune unité ,
dune harmonie même de cet Homme avec sa propre sensibilité, son affectivité et
celle de ce disciple, mais, en même temps, lacceptant, le signifiant devant
les onze autres, Il invite à lélargissement, à cet universalité de lamour
divin qui ne saurait sarrêter seulement sur une seule personne.
Rien de trouble, rien de possessif
en Lui, puisque son Corps nest pas blessé par le péché, celui des origines,
qui a faussé en nous limage que nous aurions pu devenir du Créateur. Lui, Fils
dHomme et Fils de Dieu, engendré et non pas créé, est totalement limage du
Père. Mystérieuse et unique singularité de cet Homme si semblable à nous mais
dont la dissemblance affleure sans cesse. Avant sa mort et à sa Résurrection,
déjà lépisode qui annonçait une
dissemblance plus radicale encore, était celui de la Transfiguration.
Après sa mort et sa Résurrection, le Christ ne parait plus devant les
siens : Il apparaît
et chaque fois, la dissemblance saccentue. Un des traits communs à toutes les
apparitions du Christ ressuscité à Marie Madeleine, aux pèlerins
dEmmaüs, aux disciples au bord du lac de Tibériade, au rendez-vous en
Galilée avec les onze dont certains doutent est que dabord Il nest pas
reconnu des siens. Il a un corps, un vrai corps, que les saintes femmes et
Thomas vont même toucher pour vérifier physiquement, un corps qui boit et qui
mange et qui ne parait plus soumis aux mêmes lois physiques du temps et de lespace.
Un corps rendu à une liberté dont il nous arrive peut-être de rêver mais dont
nous ignorons tout.
Ce corps du Christ des quarante
jours daprès la Résurrection jusquà lAscension, est un corps « intermédiaire »,
à la fois charnel et spirituel, corps de résurrection et corps de gloire qui
préfigure la créature nouvelle que nous serons. L Ascension
est, dans ce sens, une annonce
prophétique de la condition humaine future, au-delà du terrestre.
Fortifiés par cette espérance,
allons-nous, pour autant, les yeux perdus dans les cieux, mépriser notre corps
daujourdhui ? Dans lespoir de flipper dans la béatitude finale ?
Notre corps daujourdhui, quelle
que soit lestime ou le dégoût que nous en avons, a été ensemencé de divin par
lIncarnation du Christ, purifié par le Baptême et sacralisé par la présence de
lEsprit en nous. Promis à la re-création, à être rendu enfin à la liberté
absolue vers laquelle il tend et gémît, il est déjà beau aujourdhui, au regard
de Dieu.
Même par un corps blessé par lâge,
par les épreuves et la maladie, par les trahisons du cur, par ce corps peut
passer au travers dun regard ou dun sourire, un peu, beaucoup damour de cet
amour-là qui peut rendre au respect de soi-même.
La vision, même furtive, dun visage
baigné par les larmes joyeuses de la grâce peut vous révéler une beauté qui
rend nos appréciations esthétiques dérisoires et nous fait physiquement croire
à la promesse dune beauté souveraine et libre dans léternité. Signe de Dieu
qui passe aujourdhui par un corps.
Enfin, allant jusquau bout de la
dissemblance, ce corps du Christ, après un dernier repas, se distingue deux,
se détache et disparaît.
Il était temps car voici que lancien malentendu revenait : « Est-ce
maintenant que tu vas réaliser la Royauté en Israël ? »
Ce quavec son corps, son regard, sa
parole, Il na pu leur faire comprendre, eh bien ! lEsprit Saint,
invisible, le leur fera découvrir. Avec succès. Décidément, il était bon pour
eux quIl sen aille !
Père de La Morandais
Père Alain Maillard de la Morandais
http://morandais.canalblog.com/
Chapelle de l'Agneau de Dieu
3 Rue Paul Henri Grauwin
75012 Paris
Chapelle de lAgneau
Vainqueur
dimanche 21
mai 2006-05-20
Amitié du Fils et amour
fraternel chrétien
Jean XV, 9-17
Le Père est à lorigine de tout et
cest à son assistance que le travail des apôtres devra ses résultats.
Lensemble est présenté comme un échange damour qui du Père, par le Fils,
descend vers les disciples. Le Père a témoigné son amour au Fils en Lui donnant
pour mission dêtre sa révélation subsistante. Lamour du Père, dont il est ici
question, na donc pas directement trait à la communion dêtre du Père et du
Fils comme telle mais bien à la mission du Fils dans le monde. A ce stade de la
révélation, les rapports des trois personnes sont considérés avant tout dans
leur relation au salut des croyants. Le Père aime le Fils et sexprime en Lui,
en vue de la révélation de Lui-même au monde. En présentant le Fils comme
limage du Père, saint Jean na pas pour but douvrir la voie à des
spéculations sur le mystère de la Sainte Trinité mais songe uniquement à
préciser le rôle du Fils dans le monde. La plénitude dêtre du Père, qui est
comme occultée dans le Fils, ne peut être connue que par lenvoi du Fils dans
le monde.
La mission que le Père a remise au
Fils est transférée par celui-ci à ses disciples : cest à ceux de
prolonger la révélation du Père dans le Fils. Ils ne peuvent donc pas garder
par devers eux seulement la richesse de la révélation la révélation ne
saccomplit par ésotérisme ! mais se doivent la communiquer largement aux autres. Ce nest
pas celui qui possède beaucoup qui est riche, mais celui qui donne en
abondance : la véritable richesse a pour effet la générosité du cur.
Ainsi la largesse du Père au Fils sépand partout, grâce aux disciples, en
flots pressés.
La dignité dont ils ont été revêtus
par lamour du Fils comporte pour eux lobligation daccomplir leur mission
avec fidélité,
comme le Fils Lui-m^me a accompli avec fidélité celle que le Père lui a
confiée, jusquà la mort. Si le Père a tout remis dans les mains de son Fils, , Celui-ci a fait connaître au monde ce quIl avait appris
du Père ou ce quIl avait vu auprès du Père. De m^me pour les disciples cette
exigence de rendre témoignage à la révélation quils ont reçue.
La mort du Fils est la marque
suprême de sa fidélité à la mission que le Père lui a remise. Elle est aussi la
preuve la
plus manifeste de son amour pour les siens. Sa fidélité au Père et son amour
pour les siens se croisent dans la mort sur la croix. Aussi lorsqu Il leur demande de demeurer en son amour, Il veut
faire entendre que lamour ne doit pas rester sans réponse, mais doit les
inciter à rendre un témoignage sincère à cet amour quIl leur a porté, en
pratiquant à leur tour l amour
fraternel. Demeurer en son amour, cest rester profondément
attaché à son amour pour nous, plutôt que Lui rester fidèle « en observant
les commandements. » Lamour suppose la fidélité à la Loi mais la dépasse
infiniment.
Tout cela, Il le leur dit afin que
sa Joie
soit en eux. Ce fut en effet sa Joie de pouvoir communiquer la révélation du
Père et la réalité du salut : à présent cette Joie passe en eux, pare
quils en connaissent désormais tout le sens et peuvent la transmettre par
lamour fraternel. Quoique leur tâche soit de nature à attirer sur eux la haine
du monde, elle ne pourra être trop pesante sur leurs épaules, et leur sera un
motif de Joie et denthousiasme.
Ils sont des amis, en dépit du
titre de « serviteurs » quIl leur donnait le plus souvent, et ils
demeureront ses amis, sils sont fidèles à la mission confiée. Cette mission
nest pas un ordre donné par un supérieur lointain et inconnu, mais une tâche
commune qui suppose une entente heureuse entre le chef et ses collaborateurs . Le serviteur exécute les ordres de son
maître, bien quil nen comprenne pas nécessairement le sens et la raison, mais
les disciples sont des amis, parce quils connaissent les secrets du Maître,
qui sont ceux du Père. Ils ne sont pas de simples chargés de mission, qui se
contentent de transmettre les instructions et de rédiger des procès-verbaux.
Ils sont admis dans lintimité du Fils, qui leur a fait connaître tout ce quIl
a appris du Père. Dès ce moment, en principe, ils reçoivent la pleine
communication de sa révélation, du moins en son principe, car leffusion de
lEsprit relève de la révélation de la gloire, quelle permet de connaître.
Si seule le Fils pouvait révéler le
Père, en tant que Fils unique en communion parfaite avec le Père, seuls les
disciples deviennent les témoins véridiques de sa révélation, car seuls eux, et
eux seuls, ont été admis par le Fils dans son amitié et à la communication de
son secret : la connaissance et lamour du Père !
Père Alain Maillard de la Morandais
http://morandais.canalblog.com/
Chapelle de l'Agneau de Dieu
3 Rue Paul Henri Grauwin
75012 Paris
Jeudi 18 mai sur France 4 (tnt) le Père de La Morandais est invité à « Culture pub » avec Malek Chebel sur le thème de l’érotisme et le christianisme et l’Islam.
Père Alain Maillard de la Morandais
http://morandais.canalblog.com/
Chapelle de l'Agneau de Dieu
3 Rue Paul Henri Grauwin
75012 Paris
Chapelle de lAgneau Vainqueur dimanche 14 mai 2006-05-12
La vigne Jean XV ,1-8
Peu de cultures autant que la vigne dépendant à la fois du travail attentif et ingénieux de lhomme, et du rythme des saisons.
La Palestine, terre de vignobles, enseigne à Israël à goûter les fruits de la terre, à mettre tout son cur à une tâche prometteuse, mais aussi à tout attendre de la générosité divine .Dautre part, la vigne, si précieuse, a quelque chose de mystérieux : elle ne vaut que par son fruit ; son bois est sans valeur et ses sarments stériles ne sont bons quà faire du feu Mais son fruit « réjouit le cur de lhomme ». La vigne donc, cache un mystère plus profond : si elle peut apporter la oie au cur de lhomme, il est une VIGNE dont le fruit est la Joie de Dieu.
La vigne, joie de lhomme. Noé, le juste, plante sa vigne sur une terre que Dieu a promis de ne plus maudire : la présence de vignobles sur nos terres est le signe que la bénédiction de Dieu na pas été totalement détruite par le péché de lhomme. Dieu promet et donne à son peuple une terre riche en vignes. Mais ceux qui oppriment le pauvre ou sont infidèles à Dieu, ne boiront pas le vin de leurs vignes : elles feront place aux ronces ! Le signe de la justice en Israël, cest le roi bon sous le règne duquel chacun vit en paix, sous sa vigne et son figuier. La vigne sera féconde : image de lépouse du juste ! La vigne qui bourgeonne symbolise lespoir des époux qui, dans le Cantique des cantiques, chantent le mystère de lamour : « Introduisez-moi dans la maison du vin ! »
Dieu est époux et vigneron. Le Dieu dIsraël a sa vigne et cest son peuple. Pour le prophète Osée, Israël est un plant fécond qui rend grâces de sa fécondité. Pour Isaïe, Dieu aime sa vigne : Il a tout fait pour elle : « Que je chante à mon ami le chant de son amour pour sa vigne. Eh bien, la vigne de Yahwe Dieu cest la maison dIsraël et les gens de Juda en sont le plant choisi. » mais au lieu du fruit de justice attendu, elle lui a donné laigre vendange du sang versé : « Il en attendait linnocence et cest du sang ; il en attendait le droit, et cest le cri deffroi ! »
Pour Jérémie, Israël est un plant choisi, devenu dégénéré et stérile : il sera arraché ! Les vignerons fidèles ne seront pas ceux qui aveint dabord été choisis Pour récolter sa vendange, Dieu accueillera tous les ouvriers : travaillant depuis le bon matin ou embauchés à la dernière heure, tous recevront la même récompense car lappel au travail et loffre du salaire sont des dons gratuits : « tout est grâce ».
Ce symbolisme va se transférer sur la personne de celui qui incarne et récapitule le vrai peuple de Dieu : le Messie est comme un vigne, annonçait le prophète Baruch, et Jésus reprendra donc ce titre messianique comme dans ce chapitre de Jean - , en proclamant quIl est le vrai Cep et que les hommes ne peuvent pas prétendre être la vigne de Dieu, sils ne demeurent pas en Lui. Il est la vigne et nous les sarments, comme Il est le Corps, et nous les membres. La vigne véritable cest Lui, mais aussi son Eglise, dont les membres sont en communion avec Lui. Sans cette communion, nous ne pouvons rien faire : seul Jésus, vrai Cep, peut porter du fruit, un fruit qui glorifie le vigneron, son Père. Sans la communion avec Lui, nous sommes des sarments détachés du cep, donc privés de sève, non irrigués, stériles, bons pour le feu.
A cette communion tous les hommes sont appelés par lamour du Père et du Fils ; appel gratuit, car cest le Fils qui a choisi ceux qui deviennent ses sarments, ses disciples ; ce nest pas eux qui le choisissent. Par cette communion, lhomme devient sarment greffé du vrai cep. Vivifié par lamour qui unit le Fils à son Père lEsprit ! - , il porte du fruit, ce qui rend gloire au Père. Il communie ainsi à la Joie du Fils qui est de rendre gloire à son Père par le souffle de lEsprit.
Tel est le mystère de la vraie vigne : du Christ et de lEglise, il exprime lunion féconde et la Joie qui demeure, parfaite et éternelle.
Père de La Morandais
Père Alain Maillard de la Morandais
http://morandais.canalblog.com/
Chapelle de l'Agneau de Dieu
3 Rue Paul Henri Grauwin
75012 Paris
Chapelle de lAgneau
Vainqueur
dimanche 7 mai 2006
Fidélité à louverture
Jean X, 11-18
Limage du Bon Pasteur est celle
notamment de la fidélité
« Je connais mes brebis
personne ne les arrachera de ma main » -
et de louverture :
le Pasteur, quand cest nécessaire, laisse le troupeau dans lenclos et part,
tout le temps quil faut, à la recherche de la brebis perdue.
Pour certains, aujourdhui dans lEglise,
louverture au monde voulue par le Concile Vatican III, leur parait remise en
cause par ce quils jugent un repli frileux de lEglise sur sa propre identité.
Ici ou là, certains signes les inquiètent : compromis et concessions aux
traditionalistes, nominations dévêques
parfois arbitraires, rappels à lordre aux théologiens et aux
chercheurs. Alors que nous vivons du moins en Occident ! dans des
sociétés démocratiques qui exigent de plus en plus le débat public et le
dialogue, il était reproché à Rome, sous
Jean-Paul II , de se crisper sous un autoritarisme anachronique.
Ces tensions ne sont pas nouvelles
dans lHistoire de lEglise : dans sa longue tradition, - depuis les
affrontements de Pierre et de Paul, notamment au sujet de la circoncision !
lEglise a toujours connu le débat et la tension des contradictions internes.
Quelques uns parmi les meilleurs théologiens du Concile avaient été auparavant
condamnés au silence : cest dans lépreuve de lobéissance quils ont été
les témoins de la fidélité dans louverture.
Fidèles jusquà devoir se taire, pendant un temps, par obéissance. Si lépreuve
se dessinait à nouveau, aujourdhui, la réponse est toujours dans la fidélité à
louverture.
Cette fidélité ouverte, nous
pourrions la distinguer par trois caractères :
- son irradiation cordiale ;
- sa gratitude ;
* sa capacité de résistance.
Une fidélité reconnaissable à son
irradiation cordiale !
La fidélité par devoir pur et dur
est certes admirable mais peu contagieuse. La seule vrai fidélité qui peut nous
convaincre est celle du cur, celle qui, par son irradiation voire sa
forme dhumour ! par sa chaleur communicative, sans raideur ni
crispation volontariste, donne envie dêtre fidèle plutôt que davoir lair de
faire la leçon. Elle exclut la rancune, la hargne, le règlement de comptes
tout en étant prompte à dire la vérité qui rend libre ! -
, lambition dune revanche et dun nouveau pouvoir. Elle est
chaleureuse. Elle est humble.
Une fidélité reconnaissable à sa
gratitude !
L Eglise est un peu
comme une personne aimée et aimante : elle ne nous aime pas comme nous
voudrions être aimés ! Elle ne nous reconnaît pas comme nous aimerions être
reconnus ! Et pourtant, même si
elle peut devenir pour nous comme « une épine dans la chair », nous
savons que nous lui devons tout depuis la grâce du Baptême, qui révèle un Amour
Premier, initial, source de tout amour et plus fort que la mort.
Fidélité reconnaissable à sa
capacité de résistance !
Résister au découragement, au
désabusement, à lennui du répétitif, à la tentation de se désolidariser quand
les portes se referment au lieu de souvrir. La fidélité est toujours un
attachement malgré.
Malgré son raidissement apparent, -
encore que la dernière encyclique de Benoît XVI est un signe de fidélité à la
pensée grecque et romaine sur lamour et douverture admirable, puisque Eros y
est « baptisé » pour la première fois pontificalement ! - ;
malgré sa peur parfois dun monde quelle déclarerait trop corrompu et sous lempire
des puissances des ténèbres ; malgré ses irritations face aux critiques,
malgré son pouvoir arbitraire, aimer lEglise jusquà la fidélité, cest laimer
aussi avec ses courages et ses palinodies, avec ses élans et malgré ses
pesanteurs, avec ses appels à la liberté et aux repentances. La fidélité est au
cur de la patience.
Subsistance, persistance,
consistance, résistance : ces quatre mots peuvent décrire, au milieu des
humeurs et des soubresauts, le rocher de la fidélité.
Père de La Morandais
Père Alain Maillard de la Morandais
http://morandais.canalblog.com/
Chapelle de l'Agneau de Dieu
3 Rue Paul Henri Grauwin
75012 Paris
Chapelle de l’Agneau Vainqueur 3 ème dimanche de Pâques
« Rappelez-vous … » Luc XXIV,35-48
« Rappelez vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous … »(Luc XXIV,44) Le même Luc, évangéliste, met cette parole dans la bouche des deux hommes mystérieux qui s’adressent à Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et à Salomé, dans le tombeau vide, « très tôt, le premier jour de la semaine » : « Rappelez vous comme Il vous a parlé étant encore en Galilée. »(Luc XXIV,6)
Ce qui, dans notre vie spirituelle, peut entretenir, à notre insu, le doute, la morosité, la tiédeur, voire la désespérance, c’est l’oubli : nous laissons s’estomper en nous la mémoire des grâces que Dieu nous donne. Nous laissons dépérir dans l’oubli les moments forts et heureux, dans lesquels l’amour et la foi brûlaient en nous, pour nous morfondre dans l’horizon morne d’un passage à vide, d’une inappétence à la prière.
Si notre foi s’affaiblit, c’est la mémoire qui peut la provoquer et la raviver. La mémoire de l’Histoire du peuple juif et celle de l’Eglise qui nous a enfanté à la vie de foi et à l’espérance d’une création nouvelle. La mémoire aussi de notre propre histoire personnelle, jalonnée par les dons du Baptême, de la réconciliation, à travers les épreuves des passions, de l’Eucharistie, et pour beaucoup de l’alliance conjugale.
L’attiédissement, s’il menace notre vie spirituelle alanguie, sévit tout autant sur nos amours humaines, tant il est vrai que l’amour, la foi et l’espérance sont trois vertus intensément corrélatives. Corrélation positive par le fait que, l’une poussant l’autre, chacune y gagne en ferveur ; ou corrélation négative, dans le cas d’une passion humaine amoureuse dont l’hypertrophie sensuelle assécherait l’élan spirituel.
L’état amoureux ne porte pas toujours – tant s’en faut ! – à la gratitude, ni vis-à-vis de la source de tout amour qui, dans la foi, se nomme Dieu, ni vis-à-vis de l’entourage qui peut observer d’avantage une phase de repliement que de déploiement relationnel et altruiste. Eperdu de reconnaissance, l’amoureux se jette-t-il aux pieds de son Dieu pour lui rendre grâces et merci ? La joyeuse certitude d’être aimé et d’engager l’avenir le rend-il plus ouvert et plus accueillant à la solitude et à la détresse des autres, moins favorisés ? Rien n’est moins sûr.
L’amour humain, trop humain, peut rendre ingrat c'est-à-dire sans mémoire et sans reconnaissance des dons reçus. Faire mémoire, dans l’amour et dans la foi, c’est d’abord prendre et reprendre conscience qu’aimer et être aimé est une grâce inouïe, car, selon la parole de saint Jean : « Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu. » (Jn IV,16)
C’est bel bien alors la prière qui peut nous aider à faire mémoire, c'est-à-dire à rendre présent et ardent ce qui risque de s’effacer et de se refroidir. C’est parce que nous savons faire mémoire du temps où la foi fut vaillante en nous, où l’amour nous a épanoui, que nous prenons le risque heureux de croire que ce temps là n’est jamais perdu pour toujours. C’est parce que nous savons faire mémoire du temps où notre talent a été apprécié et reconnu que, dans un passage difficile de notre vie professionnelle, nous pouvons retrouver l’énergie de croire à nouveau à notre avenir et de na pas désespérer de nous-mêmes. Ce peut être, dans un couple parfois ébranlé dans ses certitudes amoureuses ou dans ses fidélités, le rappel de tout ce qui s’est construit et qui a porté du fruit, la mémoire des années heureuses et bénies, qui va aider à renouer l’alliance éprouvée.
« Rappelez-vous, nous dit le Christ, chaque fois que nous doutons : « Rappelez vous que ma Parole a traversé les siècles des siècles pour venir jusqu’à vous, que mon Eglise vous rassemble encore, aujourd’hui et demain. Dans chaque rassemblement dominical, parce que vous faites Corps Eucharistique, ensemble, je me rends Présent chaque fois, en vous rappelant : « faites ceci en mémoire de moi. »
Père de La Morandais
Père Alain Maillard de la Morandais
http://morandais.canalblog.com/
Chapelle de l'Agneau de Dieu
3 Rue Paul Henri Grauwin
75012 Paris
D
Signes et preuves Jean XX,19-31
Si Thomas nous était présenté comme un « maître du soupçon », il faudrait se dire qu’il y a erreur de présentation. Thomas n’est pas l’image du doute mais celle de l’incrédulité, ce qui est beaucoup plus radical. Il a la chance de connaître directement les premiers témoins de la Résurrection et il récuse complètement leur témoignage. Les dires et les propos de ses compagnons ne sont que des signes et lui, il réclame des preuves !
L’incrédulité est le contraire même de l’acte de foi. Le doute, lui, n’est pas le contraire de croire. L’incrédulité s’obstine à réclamer des preuves en s’arc-boutant sur la seule et unique raison. La raison, livrée à sa seule quête des preuves, ne peut engendrer que le plus grand scepticisme, particulièrement sur le terrain religieux, ce qui faisait dire à Pascal : « Les prophéties, les miracles mêmes et les prétendues preuves de notre religion ne sont pas de telle nature qu’on puisse dire qu’ils sont absolument convaincants. » (Pensées, XXIV,18)
Comment dépasser l’obstacle inévitable de l’incrédulité ?
Ecouter Dieu avec son cœur, répond Pascal : « C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce qu’est la foi : Dieu sensible au cœur et non à la raison. » (Pensées XXIV,5)
La foi serait donc affaire de cœur plutôt que d’intelligence et de raison ? Les lumières viennent de Dieu par la voie du cœur : « Je sais que Dieu a voulu qu’elles entrent du cœur dans l’esprit, et non pas de l’esprit dans le cœur, pour humilier cette superbe puissance du raisonnement qui prétend devoir être juge des choses que la volonté choisit … Et de là vient qu’au lieu qu’en parlant des choses humaines on dit qu’il faut les connaître avant que de les aimer, les saints au contraire disent qu’il faut les aimer pour les connaître, et qu’on entre dans la vérité que par l’amour. » (Esprit géométrique , III, p. 175)Autrement dit, tandis que nous pensons trop souvent que la raison par la voie des preuves, peut nous conduire à la foi et que la foi sert de flambeau et de base à l’amour de Dieu, avec Pascal nous avons envie de vous dire que la raison, capable seulement de doutes et d’incertitude en matière religieuse, doit se taire devant la foi, et que pour atteindre à celle-ci, il faut d’abord passer par l’amour.
L’argumentation des « preuves » de Dieu nous servira tout juste à nous convaincre qu’il n’est pas irrationnel de croire, mais au-delà de la seule rationalité, seule l’inclination du cœur et de ses puissances affectives acceptera, non pas d’être contrainte par des preuves mais d’interpréter des signes comme un appel de Celui-là qui se révèle comme Personne divine, comme Langage (Logos) amoureux de l’Homme.
Dieu ne se fait pas connaître par la voie des preuves, car les preuves contraignent à l’assentiment : leur caractère irrécusable ne laisse aucune alternative ! Les signes, eux, - parce qu’ils demandent à être interprétés – ouvrent une distance, un espace : celui du refus, des doutes et des atermoiements, ou bien celui de l’acte de FOI. Dans la foi, comme dans l’amour, nous n’avons pas de preuves, mais que des signes.
L’amour ne se prouve pas, en ce sens qu’il ne peut contraindre, mais il se signifie, c'est-à-dire qu’il pose des jalons sensibles pour toucher le cœur et l’intelligence afin de les conduire, en toute liberté, à l’acquiescement. Les preuves sont de l’ordre de la nécessité. Les signes sont de l’ordre de la liberté.
Amour te foi ne dispensent pas pour autant du doute, de cette insuffisance de confiance, de cette limite intérieure qui tend à nous rétrécir sur nous-mêmes. Amour et foi demandent un dépassement quasi constant du doute et de l’incrédulité. Et comment dépasser le doute sinon dans cet acte patient, timide, humble et silencieux, de l’abandon de ses certitudes qu’est tout simplement la prière ?
***************
Père Alain Maillard de la Morandais
http://morandais.canalblog.com/
Chapelle de l'Agneau de Dieu
3 Rue Paul Henri Grauwin
75012 Paris
Opération « Congo Brazza – Ecole spéciale »
Au 7 avril dernier le résultat était de 2 645 euros
Il faut donc ajouter pour conclure :
Dimanche 9 avril : vente des rameaux 170 euros - Enveloppes 511 euros
Jeudi saint 13 avril 284 euros
Vendredi saint 14 avril 231 euros
Dimanche de Pâques 156 euros
Soit un total de 2 645 euros + 1 352 euros = 3 997 euros
au nom de sœur Marguerite et des enfants de Brazza, MERCI !
Samedi 15 avril à 18 heures, sur la chaîne 5/Arte, le Père de La Morandais est l’invité de l’émission « Bonjour, madame, bonjour monsieur » avec M. Pujadas, sur le thème de « L’Eglise et les medias ».