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Alain de La Morandais
21 mars 2006

obsèques de Jacques Legras - 21 mars 06

Parole pour le départ de Jacques Legras – Père Lachaise – mardi 21 mars 2006

Merci, Jacques, d’avoir gardé vibrant et lumineux ce petit halo dans notre nuit.

Merci parce que tu ne l’as pas gardé seul, comme un avare couve son trésor.

Tu es dans la cohorte, la grande procession qui relie l’invisible à l’invisible, celle de tous les saints … Tu marches sur les nuages avec Robert Dhéry, Jean Carmet,

Louis

de Funès, Christian Duvalex, Pierre Olaf et Jacques Rouland

Et celles et ceux d’en bas, qui nous accompagnent, visibles ou invisibles :

Colette Brosset, Michel Serrault, Micheline Dax, Sophie Destaing, Pierre Tornade, Jean Pierre Mocky, Jean Paul Rouland, Pierre Bellemare, Pierre Tchernia … et Pouche, et Liliane et Sophie !

« O when the saints ! »

On raconte qu’en Paradis Dieu, dans son bureau de PDG, écoute du Bach toute la sainte journée, mais que , de temps à autre, il sort et erre dans les couloirs pour écouter la musique des anges avec Mozart.

Mais depuis peu, - depuis le départ de Jacques – les anges sont d’abord pris de fou rire puis passent au sourire … Pourquoi parce qu’ils ont découvert, grâce à Jacques, Sidney Bechet.

Un sourire peut devenir une clef pour un visage. Outre le signe immédiat de simplicité, de joie très intériorisée, qu’il peut livrer de suite, le sourire peut ouvrir à d’autres secrets. Celui de la pudeur ou bien le prélude …au rire. L’annonce du rire.

Pudique, réservé, tant et tant soucieux des autres, son apparente force retenait Jacques parfois au seuil de l’extériorisation … « Il faut rire avant d’être heureux de peur de mourir sans avoir ri » (La Bruyère)

Le sourire annonce la générosité, le souci des autres avec ce rien de tendre complicité sans démonstration, la fragilité et la force. Le sourire aux lisières du rire parce qu’il dit les épreuves passées, les silences …

Le sourire nous dit encore que s’il y a peu de place pour les paroles c’est parce que l’action l’emportait – celle de rendre heureux en faisant rire ! « Dugudu » « Ah ! les belles bacchantes ! »

« Mes enfants, il faut nous aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes en vérité. En agissant ainsi, nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous aurons le cœur en paix. » (Lettre de St Jean)

Il y a une manière de faire rire qui est une dénonciation du mensonge : c’est une œuvre de salubrité morale publique ! Un dévoilement de la vérité. Et puis si nous devenons, à notre tour, l’objet du rire, quelle heureuse leçon d’humilité !

Et puis tu sais, Jacques, en Paradis, là, devant le Père éternel – comme disait Brassens - : pas de camera cachée ! On est tout nu devant Lui. Plus rien à cacher et surtout plus rien à croire : Il est là devant nous, évident. Dans l’éternité, enfin ! nous aurons perdu la foi et tout gagné en amour.

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