Est-il le prophète annoncé ? Deutéronome 18,15
Depuis Moïse le peuple d’Israël a attendu plus d’un prophète et plus d’un Juif, contemporain de Jésus et attentif à l’unité entre les paroles et les actes de cet Homme extraordinaire, a d’abord cru reconnaître en Lui un homme d’autorité supérieure plutôt que le Messie.
Cet Homme est celui qui rappelle la fidélité de Dieu envers son peuple, élargissant son Alliance au-delà du peuple juif.
Il est celui qui dénonce la dureté des temps présents corrompus par l’injustice et par la sécheresse de cœur d’un peuple incapable de croire à sa libération et à la présence du Messie.
Il est celui qui annonce des temps nouveaux : Il a la vision d’une libération spirituelle et terrestre qui préfigure la Création nouvelle, la destinée divine éternelle de l’homme.
Jésus donc, homme d’enseignement et d’autorité, rappelait la fidélité de Dieu par le rôle des prophètes qui l’avaient précédé et annoncé : notamment Elie et Elisée.
Jésus, homme d’autorité, dénonçait l’orgueil de son peuple qui se refusait à voir que l’Ecriture s’accomplissait dans sa Personne, malgré les signes – notamment l’expulsion des esprits mauvais !
Jésus, homme d’autorité, par son refus d’opposer violence à violence, annonçait une Création nouvelle dans laquelle « les prophéties disparaîtront, le don des langues cessera, la connaissance que nous avons de Dieu disparaîtra », dans laquelle la foi et l’espérance deviendront inutiles, mais où rayonnera « face à face » l’Amour, seule et unique nécessité.
Cet amour seul, pour l’instant soutenu par la foi et l’espérance, dès aujourd’hui, il est en action . La vie de Jésus et celle de ses amis jusqu’à nous en témoigne. Saint Paul l’a bien décrit, cet amour : sa fonction est totalement prophétique. Là est la source divine de son autorité.
Cet amour-là, nous le reconnaissons à la qualité de sa patience, parce que la mesure du temps ne peut l’éroder ; à sa disponibilité au service, parce qu’il fait passer autrui avant lui ; à son humilité, parce qu’il n’est pas touché par la vanité ou l’orgueil ; à ses menées honnêtes et désintéressées ; à son calme, puisqu’il ne cède pas aux emportements ; à sa puissance de pardon, puisqu’il récuse en lui la rancune ; à son endurance, à sa faculté de faire et de refaire confiance.
C’est l’image de l’amour christique.
Quand nous nous regardons dans un miroir par l’examen de conscience, nous ne découvrons guère cette image de nous-mêmes. Cela pourrait – à force ! – devenir désespérant, si nous ne savions que cet amour-là n’est pas de l’ordre de l’impossible. Pourquoi ? Parce qu’ici ou là, à Paris ou au Congo - Brazza, en Mauritanie ou en Cévennes, en Normandie ou au Brésil, en Chine ou en Afrique du Sud, partout à travers le monde, nous avons reconnu des témoins de cet amour-là ..Oui, parmi les nôtres, dans notre Eglise et en dehors de ses frontières. Ces témoins-là, obscurs ou reconnus, ne réalisent pas encore tous la perfection de l’amour christique et prophétique mais par quelques signes identificateurs, qui ne trompent pas, ils annoncent qu’aujourd’hui, déjà , l’éternité est bel et bien commencée.
Les témoins de cet amour-là sont des prophètes et font autorité.
A ce dernier signe vous les reconnaîtrez : leurs ennemis veulent les chasser de leurs villes. Ils sont calomniés, emprisonnés et persécutés. Ils commencent parfois par du succès et de la renommée et finissent sur un gibet ou dans cul de basse fosse. Ils pardonnent à leurs ennemis.